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A travers le Fleuve descend et circule, de plus en plus claire, une lueur : au haut du roc central elle s’embrase, et flamboie, d’une splendeur d’or éblouissante, qui limpide, radieuse et magique, se propage à travers les eaux.)[1]

WOGLINDE

Voyez, soeurs ! L’éveilleuse rit[2], dans les eaux profondes.

WELLGUNDE

Elle salue, à travers les collines des flots glauques, le joyeux Dormeur mystérieux.

FLOSSHILDE

Pour qu’il les rouvre, elle baise ses yeux[3] ; admirez comme ils brillent, dans les splendeurs radieuses ! D’onde en onde, leurs regards d’étoiles glissent, éblouissants, par les vagues.

TOUTES TROIS, nageant ensemble, avec grâce, autour du rocher.

Heyayaheya ! – Heyayaleya ! – Vallalallalala leyayahei ! – Or-du-Rhin ![4] Or-du-Rhin ! Qu’il est clair, ton rire de lumière ! qu’il est divin, ton rire de joie ![5] – Heyayaheï –

  1. C’est ici que surgit la Fanfare de l’Or-du-Rhin, forme éclatante du Théme originel. (Partition, pages 30 et suivantes.) – « Une frémissante montée de harpe traverse le tourbillonnement des instruments à cordes. Lancée par la voix dominatrice de la trompette, la fanfare de l’Or-du-Rhin éclate, cingle l’orchestre de ses notes triomphales, et, sur le Sol aigu qui la termine, sur cette note éblouissante qui sonne et glorieusement se prolonge, comme un cri d’universelle royauté, les trois ondines entonnent leur hymne d’allégresse... » (Alfred Ernst, ibid., p. 205.)
  2. « L’éveilleuse », c’est, ou la lumière, ou bien le soleil (qui, dans la langue allemande, est du genre féminin).
  3. Littéralement : « son œil. »
  4. « Or-du-Rhein », selon M. Dujardin. Je n’insiste point.
  5. Il y a ici, dans le texte, deux vers, dont j’ai transposé la valeur ci-dessous, par l’addition des mots « doré » et « sacré » : « Le flot doré scintille, le fleuve sacré flamboie. » Les deux vers dont je parle sont ainsi rendus par M. Edouard Dujardin : « L’ardent brillement — Brille hors toi sacré en l’onde ! »