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Heyayaheya ! – Réveille-toi, bien-aimé, joyeusement réveille-toi ! C’est pour toi nos ébats, la grâce de nos ébats : le flot doré scintille, le Fleuve sacré flamboie ; tournoyons dans son lit, toutes aux délices du bain, glissons ! plongeons ! des danses ! des chants ! Or-du-Rhin ! Or-du-Rhin ! Heyayaheya ! – Vallalaleya yaheï !

ALBERICH, doat, obstinément, les yeux restent fixés sur l’Or, comme fascinés par sa splendeur.

Qu’est-ce donc, fuyardes,[1] qui brille et rayonne ainsi-là ?

LES TROIS JOUVENCELLES, tour à tour.

Pour n’avoir jamais ouï de l’Or-du-Rhin, d’où sors-tu donc, âpre niais ? Toi, ignorer l’Or, toi, un Alfe ? ignorer l’Or dont l’oeil tour à tour veille, sommeille, astre des eaux profondes,[2] divine lumière des vagues ?[3] – Vois quelles délices pour nous, quelles délices de glisser dans les prestiges de sa splendeur ! Viens, poltron, t’y baigner aussi, viens y nager comme nous, t’en griser avec nous !

(Elles rient.)
ALBERICH.

L’Or n’est bon qu’à vous éclairer dans vos ébats et vos plongeons ?[4] Voilà qui me serait indifférent !

  1. Littéralement : « [ô] vous, lisses » ; ou : « [ô] vous, glissantes. »
  2. « La joyeuse étoile en le gouffre aqueux, qui, saint, transclaire les vagues » (Traduction Edouard Dujardin).
  3. « Sauve maintenant la tête des rets de Hel et livre-moi la flamme des eaux, l’or brillant. » (Sigurdakvidha Fafnisbana önnur) – Voir l’étude de Edmond Barthélemy (p. 193-194).
  4. Littéralement : C’est seulement à votre jeu-de-plonge [que] serait bon l’Or ? »