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(Arrivent, armés d’énormes pieux, FASOLT et FAFNER, l’un et l’autre d’une gigantesque stature.)[1]
FASOLT

Tandis que tu dormais mollement, tous les deux, sans dormir[2], nous bâtissions ton Burg. Jamais las d’un labeur énorme, nous entassions les lourdes pierres ; donjon à pic, porte et portail, défendent ton palais, renfermé dans une forteresse élancée[3]. Clair, éclatant, le jour parait ; solide, debout, notre œuvre est là : entre, et paye-nous notre salaire !

WOTAN

Votre salaire, gens ? fixez-le : quelles sont, d’abord, vos prétentions ?

FASOLT

Nos prétentions ? tout est convenu : as-tu donc si mauvaise

  1. Les Géants sont musicalement décrits par un thème aux cadences lourdes liées par des traits rapides ; il donne, ainsi l’impression d’une énorme force qui va roulant. (Voy. Un exemple, page 68.) Précédemment, l’orchestre a émis le thème de la Lance (ou des Conventions) qui dérive, comme on a vu, du thème de la servitude.
  2. Dans la mythologie du Nord, les Géants craignent le jour, ou même, sont, durant le jour, changés en pierres. Dans Siegfried, l’Antre de Fafner demeure, même le soleil levé, tout enveloppé d’épaisses ténèbres, etc.
  3. Voir d’abord la note (2) de la p. 245. – « L’architecte… demanda la permission de se servir de son cheval Svadelfare. Il commença dès le premier jour de l’hiver la construction du château, et toutes les nuits il apportait des pierres avec le secours de son cheval. Les Ases étaient surpris de voir les grandes montagnes que Svadelfore trainait… Vers la fin de l’hiver, le château était très avancé ; … trois jours avant l’été, l’architecte n’avait plus que la porte à faire… » (Edda de Snorro.)