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LOGE

Des Runes-magiques, que nul ne sait, peuvent seules réduire l’Or en Anneau : seul doit y réussir, sans peine, qui renonce au bonheur de l’Amour. (WOTAN, découragé, se détourne.) Tu peux t’épargner cette douleur ; aussi bien, tu viendrais trop tard : Alberich n’a point perdu de temps ; il s’est, sans hésiter, rendu Maître du charme : il a réussi, l’Anneau est forgé.

DONNER

Le gnome nous asservira tous, si l’Anneau ne lui est arraché[1].

WOTAN

Il faut que je l’aie !

FROH

C’est très facile : il n’y a plus à maudire l’Amour.

LOGE

Facile ? dérisoirement facile, sans malice, un vrai jeu d’enfant !

WOTAN

Comment donc ? dis vite ?

  1. Se reporter à l’Etude d’Edmond Barthélemy (p. 192) : analogies du mythe relatif à l’Anneau, et du mythe relatif au vol du Marteau de Thor. – « Vingthor (Donner) se mit en colère, lorsque, en se réveillant, il ne retrouva plus son marteau auprès de lui ; sa barbe trembla, sa tête se troubla, et le fils de la Terre tâtonna autour de lui. » (La Recherche du Marteau.) « Loke, fils du Lœfœ, chanta : Ne parle pas ainsi, Thor ! Les Géants bâtiront bientôt dans Asgôrd, si tu ne vas point quérir ton marteau. » (Id.) Et encore : « Cela va mal pour les Ases, cela va mal pour les Alfes : tu as caché le marteau de Hloride. » (Id.)