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MIME, ébahi, regardant autour de soi.

Où es-tu ? non, je ne le vois pas.

LA VOIX D’ALBERICH

C’est bien : sens-moi donc, infâme drôle ! Tiens, pour tes désirs de vol ! Tiens !

(MIME crie, se tord, sous les coups d’un fouet, qu’on entend frapper sans l’apercevoir.)[1]
LA VOIX D’ALBERICH, ricanant :

Merci pour ton œuvre, imbécile ! Elle fait son office à merveille. Hoho ! Hoho ! les Nibelungen, courbez-vous sous Alberich, tous ! Partout, partout il sera présent, désormais, pour vous surveiller ; plus de repos pour vous, plus de répit pour vous ; c’est pour lui que vous peinerez, et vous ne le verrez point ; quand vous ne le verrez point, tremblez qu’il ne survienne : vous êtes, à jamais, ses esclaves ! Hoho ! hoho ! l’entendez-vous ? il approche, le Maître-des-Nibelungen !

(La colonne de brouillard s’évanouit au fond : on entend, de plus en plus loin, gronder la fureur D’ALBERICH ; du fond des gouffres lui répondent des hurlements, des plaintes, des cris, qui s’assourdissent bientôt pour se perdre, à la fin, dans un lointain toujours plus vague. – De douleur, MIME s’est affaissé : ses soupirs, ses lamentations sont entendus de WOTAN et LOGE, qui se laissent glisser du haut d’une crevasse supérieure.)
LOGE

C’est Nibelheim, nous y voici : au travers du brouillard livide, quelle palpitation d’étincelles !

WOTAN

On gémit haut ici : qu’est-ce qui git sur la roche ?

  1. « Alberich portait cotte de mailles et heaume, et, dans sa main, un pesant fouet d’or. » (Nibelunge-nôt, VIII, 78.)