Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau du Nibelung, trad. Louis-Pilate de Brinn’Gaubast et Edmond Barthélemy, Dentu, 1894.pdf/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ALBERICH, le lâchant.

Pourquoi ces retards, alors ? Que ne le montres-tu point ?

MIME

Pauvre de moi ! c’est que j’avais peur qu’il n’y manquât encore des choses.

ALBERICH

Des choses ? quelles choses ?

MIME, embarrassé :

Par ci… par là…

ALBERICH

Quoi, par ci par là ? Montre-le tel quel ! (Il veut de nouveau lui sauter aux oreilles : d’effroi, MIME laisse tomber un maillis métallique, qu’il cachait en ses mains crispées. ALBERICH se rue, ramasse le maillis, et l’examine minutieusement.) Voyez le fourbe ! tout est forgé, prêt, parfait, conforme à mes ordres ! L’imbécile voulait donc ruser, m’en imposer ? garder pour soi le chef-d’œuvre que mon industrie lui apprit l’art de fabriquer ? T’y ai-je pris, là, voleur stupide ? {{didascalie|(Il se met sur la tête le maillis, en guise de « Tarnhelm »[1] Le heaume est à ma tête : savoir le charme opère ? – « Ténèbres et brouillard, plus personne aussitôt ! » (Il s’évanouit ; à sa place on voit une colonne de brouillard.) Me vois-tu, frère ?

  1. Ce heaume magique n’est autre chose que la Tarnkappe, le capuchon ou chaperon magique, investi de semblables vertus, et dont maintes légendes, maints poèmes, y compris le Nibelunge-nôt, attribuent à des nains, des dvergues, etc., la précieuse possession plus ou moins provisoire : « J’ai entendu parler de nains sauvages qui habitent les cavernes et qui portent pour leur défense une chose merveilleuse, la Tarnkappe. Celui qui la porte sur lui est parfaitement à l’abri des coups et des blessures. Nul ne voit la personne qui en est revêtue ; elle peut entendre et voir, mais nul ne l’aperçoit. Sa force aussi en devient beaucoup plus grande. Ainsi nous le disent les traditions. » (Nibelunge-nôt, trad. Laveloye, VI, p. 57)