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LOGE

Mon tremblement te répond assez. Tu t’es bien vite changé en un reptile énorme : j’ai vu le prodige, j’y crois sans peine. Mais, de même que tu t’es grandi, pourrais-tu te rendre tout petit ? Ce serait le plus sûr moyen, je crois, de te dérober à tout danger ; mais cela me semble trop difficile !

ALBERICH

Trop difficile pour toi, parce que tu es trop bête ! Quelle petitesse dois-je me donner ?

LOGE

Telle que tu puisses tenir dans les plus étroites fentes, où le crapaud blottit son effroi.

ALBERICH

Bah ! rien de plus aisé ! Vois plutôt ! (Il met le Tarnhelm en position :) « Tors et gris, crapaud, rampe ! »

(Il disparaît : les DIEUX aperçoivent, sur la roche, un crapaud[1] rampant de leur côté.)
LOGE, à WOTAN.

Là ! le crapaud ! saute dessus ! vivement !

(WOTAN met le pied sur le crapaud : Loge lui saisit la tête et s’empare du Tarnhelm.)
ALBERICH, instantanément, redevient visible sous sa figure ordinaire, se débattant sous le pied de WOTAN[2] :

Ohe ! Malédiction ! Captif !

  1. Voir la note (2) de la p. 235.
  2. Quelque inopportunes qu’elles paraissent peut-être, j’ai mes raisons d’écrire ici, simplement, ces mots suggestifs : Saint Michel terrassant le démon.