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FAFNER

Pas si vite ! Plus tassé ! Moins lâche ! Il faut que la mesure soit pleine ! (Avec une insistance brutale, il tasse davantage le Trésor ; il s’accroupit ensuite, pour constater les vides.) Ici ! je vois au travers : bouchez-moi les lacunes !

LOGE

Arrière, brute ! Ne me détourne rien !

FAFNER

Par ici ! cette fente-là, qui baille !

WOTAN, se détournant avec découragement.

La honte me brûle au fond du coeur.

FRICKA, le regard fixé sur FREYA.

Vois sa honte à elle, sous l’outrage, à la Généreuse ! son douloureux regard, en silence, implorer, pour qu’on la délivre ! O méchant homme ! Elle, toute Amour, l’avoir réduite à cet outrage !

FAFNER

Encore donc de ce côté ! Encore !

DONNER

Je ne sais quoi me retient ! J’écume de fureur, à voir le cynisme du pleutre ![1] Ici, chien ! Si tu veux mesurer, mesure-toi d’abord, toi-même, avec moi !

FAFNER

La paix, Donner ! gronde quand il faut : ton fracas ne sert à rien ici !

  1. Snorro, dans son Edda, citant la Völuspa, prête au Donner scandinave (Thor) une semblable fureur quand les Dieux ont « promis de livrer la femme d’Od (Freya) à un rejeton des Géants… car il reste rarement tranquille, lorsque de pareilles choses viennent à ses oreilles. »