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Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau du Nibelung, trad. Louis-Pilate de Brinn’Gaubast et Edmond Barthélemy, Dentu, 1894.pdf/315

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(WOTAN et FRICKA s’avancent vers le pont ; FROH et FREYA les suivent de près, puis vient DONNER.)
LOGE, demeurant à l’avant-scène, et, du regard, suivant les DIEUX :

Les voilà rués à leur perte, eux qui se targuent d’être éternels ; et j’éprouve quelque honte à me commettre avec eux. Oh ! métamorphoser mon être, comme jadis, en langues de flammes, quelle tentation ! Consumer leur ramas d’aveugles[1], qui me domptèrent, au lieu de disparaître avec eux dans l’ignominie du néant ! Fussent-ils les plus divins des Dieux, l’idée n’est pas si bête, en somme ! J’y veux penser : qui sait ce que je fais ? (Il part, pour rejoindre les DIEUX, d’un air dégagé.)

(Des profondeurs, le chant des FILLES-DU-RHIN s’élève.)
LES TROIS FILLES-DU-RHIN

Or-du-Rhin ! Or impollué[2], limpide et clair, comme tu

  1. « LOKE chanta : « J’ai chanté devant les Ases et devant leurs fils tout ce qui m’est venu à l’esprit… Tu as brassé de la bière forte, Æger, mais tu ne donneras plus de festins : le feu dévorera tout ce qui est ici, il te brûle le dos. » (Le Festin d’Æger, 65.)
  2. Rheingold !Reines Gold ! (Or-du-Rhin ! – Pur Or !) C’est un de ces jeux de syllabes dont j’ai déjà parlé, dont plus souvent, hélas ! j’ai bien dû me taire, puisqu’ils ne sont point traduisibles. Mais d’autant plus génial est celui-ci que le Rhin demeure, par toute la Tétralogie, la symbolisation de l’Originelle Pureté, comme le formulent expressément les derniers vers du présent drame (voir ci-dessous, note 1), et, surtout, le dénouement du Crépuscule-des-Dieux.