Page:Wagner - Lettres à Auguste Rœckel, 1894, trad. Kufferath.djvu/64

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Il est vrai qu’ainsi j’ai pu me convaincre que seule l’œuvre complètement terminée pourrait, dans des conditions favorables, se défendre de l’incompréhension; et puis, comme je ressentais un véhément désir d’entreprendre la composition musicale, je m’y suis mis très joyeusement avant de t’écrire. La composition, maintenant terminée, de l’Or du Rhin, si difficile et si important, m’a, tu le vois, rendu une grande sûreté. Que de choses, étant donné la nature de mon plan poétique, ne pouvaient devenir claires que par la musique ! c’est ce dont j’ai pu me rendre compte de nouveau ; je ne puis plus regarder maintenant mon poème sans musique. Quand le moment sera venu, je pense pouvoir te communiquer aussi la partition. Pour le moment, je me borne à te dire qu’elle est devenue une unité fortement constituée : l’orchestre n’a, pour ainsi dire, pas une mesure qui ne se développe d’un motif antérieur. Mais, sur ce sujet, il est impossible de nous expliquer par écrit. Ce que tu me dis, au sujet de l’exécution et de la représentation de l’ensemble, a toute mon approbation : tu sais entièrement de quoi il s’agit. Certainement, je suivrai tous tes conseils. Comment j’arriverai à faire représenter mon œuvre, c’est un problème extrêmement difficile. Mais je m’en occuperai en temps et lieu, sinon je ne verrais plus de but à ma vie. Je crois avec quelque certitude que toute la partie purement matérielle de l’entreprise est