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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/35

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— XXVII —

à vos yeux, se trouve dans mon ouvrage, appuyé de preuves plus détaillées.

Depuis la naissance des beaux-arts parmi les peuples chrétiens de l’Europe, il en est deux qui ont reçu, à n’en pas douter, un développement tout à fait nouveau, et atteint une perfection qu’ils n’eurent jamais dans l’antiquité classique ; ces deux arts sont la peinture et la musique. La perfection admirable et vraiment idéale où la peinture est parvenue dès le premier siècle de la renaissance est chose incontestée, et ce qui caractérise cette perfection a été supérieurement étudié ; aussi, n’avons-nous que deux points à constater ici, d’abord la nouveauté de ce phénomène dans l’histoire générale de l’art, ensuite que ce développement appartient en propre à l’art moderne. La même observation s’applique, avec un plus haut degré de vérité et d’importance encore, à la musique moderne. L’harmonie, que l’antiquité a complètement ignorée, l’extension prodigieuse et le riche développement qu’elle a reçus par la polyphonie, sont choses dont l’invention appartient exclusivement aux derniers siècles.

Nous ne connaissons la musique, chez les Grecs, qu’associée à la danse. Le mouvement de la danse assujettissait la musique et le poëme que le chanteur récitait comme motif de danse aux lois du rhythme : ces lois réglaient d’une manière si complète le vers et la mélodie, que la musique grecque (et ce mot impliquait presque toujours la poésie) ne peut être considérée que comme la danse exprimée par des sons et des paroles. Ce furent des motifs de danse, lesquels constituent le corps de