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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/39

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— XXXI —

d’église même, lorsque l’essor lyrique amenait la mélodie rhythmique, la possibilité de viser à des effets d’une puissance irrésistible, d’une variété inouïe et exclusivement propres à la musique ; j’en appelle à quiconque aura eu le bonheur d’entendre une belle exécution des compositions vocales de Sébastien Bach, et entre autres je rappellerai spécialement ici le motet à huit voix « Chantez à Dieu un nouveau chant », dont la mélodie rhythmique retentit à travers les flots d’un océan d’harmonie.

Ce perfectionnement de la mélodie rhythmique sur la base de l’harmonie chrétienne devait s’achever enfin, et atteindre jusqu’aux nuances les plus délicates et les plus variées de l’expression dans la musique instrumentale. Sans vous occuper principalement de l’importance de l’orchestre sous le rapport de l’intensité, veuillez, je vous prie, songer uniquement, quant à présent, à l’extension dans les formes qu’y reçoit la mélodie de danse primitive. Le perfectionnement du quatuor d’instruments à cordes fait prévaloir dans l’orchestre, comme elle avait prévalu dans le concert chantant de la musique d’église, la direction qui consiste à traiter d’une façon indépendante les différentes voix, et l’orchestre est relevé par là de la position subalterne qui l’avait réduit jusqu’alors, comme il l’est encore aujourd’hui dans l’opéra italien, au rôle de simple accompagnement rhythmique et harmonique. Il est du plus haut intérêt (et c’est l’unique moyen de s’expliquer l’essence des formes musicales) d’observer ici tous les efforts des maîtres allemands ; ils ont eu pour objet de donner à la simple mélodie de danse,