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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/50

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— XLII —

au début, déchaînés contre ces opéras ; et alors je ne puis voir dans le plaisir franchement avoué qu’a pris le public à des ouvrages où s’exprime nettement ma vraie tendance, qu’un signe grave et encourageant. On comprend très-facilement que la critique n’ait pu étouffer les applaudissements du public, en lui criant, comme elle le faisait naguère en Allemagne : « Gardez-vous de Rossini, fuyez ses accents séducteurs, évitez la sirène, fermez l’oreille à ses légères et frivoles mélodies. » Et le public n’a pas laissé que d’entendre ces mélodies avec plaisir. Mais ici l’on voyait les critiques avertir avec un zèle infatigable le public de ne pas donner son argent pour des choses qui ne pouvaient lui faire le moindre plaisir ; car ce qu’il cherchait uniquement dans l’opéra, des mélodies, toujours des mélodies, mes opéras n’en offraient aucune trace ; ils ne se composaient que des plus insipides récitatifs et du galimatias musical le plus inintelligible ; bref, c’était « la musique de l’avenir ! »

Imaginez l’impression que devait produire sur moi, je ne dis pas les preuves les plus irréfragables d’un vrai succès populaire de mes opéras dans le public allemand, mais je dis les informations personnelles que je reçus d’un heureux changement dans le jugement et les sentiments de gens qui, jusque-là, n’avaient goûté que la tendance lascive de l’opéra et du ballet, et qui avaient repoussé avec dédain, avec horreur toute invitation d’accorder leur attention à une tendance plus sérieuse du drame musical. Ces informations me sont venues bien souvent ; souffrez que je vous retrace rapidement les conclusions