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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/56

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— XLVIII —

long intervalle et accumulé des expériences qui ont si fort éloigné ce désir de mon cœur.

Cet opéra, exécuté sur des proportions très-vastes, fut immédiatement suivi du Vaisseau Fantôme qui, dans ma pensée première, ne devait avoir qu’un seul acte. Vous voyez que l’éclat de l’idéal parisien avait déjà pâli pour moi ; je commençais à puiser les lois destinées à déterminer la forme de mes pensées, à une autre source qu’à cette mer de la publicité officielle qui s’étendait devant mes yeux. Vous pouvez voir à plein le fond de mes dispositions d’esprit , ce poëme les exprime clairement. Quelle valeur poétique peut lui être attribuée, je l’ignore ; ce que je sais bien, c’est que dès lors je sentis, en le composant, une toute autre liberté qu’en traçant le libretto de Rienzi ; car dans celui-ci, je ne songeais encore qu’à un texte d’opéra qui me permît de réunir toutes les formes admises et même obligées de grand opéra proprement dit, introductions, finales, chœurs, airs, duos, trios, etc., et d’y déployer toute la richesse possible.

Dans cet ouvrage et dans tous ceux qui l’ont suivi, je pris le parti de changer de sujets ; je quittai une fois pour toutes le terrain de l’histoire et m’établis sur celui de la légende. Je m’abstiendrai de vous retracer ici les dispositions intimes qui me guidèrent dans cette résolution ; je ferai ressortir uniquement l’influence que la nature des sujets choisis par moi ont exercée sur le caractère de la forme poétique, et surtout de la forme musicale.

Tout le détail nécessaire pour décrire et représenter le fait historique et ses accidents, tout le détail qu’exige,