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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/55

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— XLVII —

que par un sévère exercice, l’indépendance et la sûreté.

Je rappellerai, en passant, un opéra qui a précédé encore le Vaisseau Fantôme, c’est Rienzi ; cet opéra où l’on trouve le feu, l’éclat que cherche la jeunesse, est celui qui m’a valu en Allemagne mon premier succès, non-seulement au théâtre de Dresde où je l’ai fait représenter pour la première fois, mais depuis lors sur une grande partie des théâtres où il est donné avec mes autres opéras. Cet ouvrage a été conçu et exécuté sous l’empire de l’émulation excitée en moi par les jeunes impressions dont m’avaient rempli les opéras héroïques de Spontini et le genre brillant du Grand-Opéra de Paris, d’où m’arrivaient des ouvrages portant les noms d’Auber, de Meyerbeer et d’Halévy. Aussi suis-je loin aujourd’hui, et vis-à-vis de vous, d’attribuer a cet ouvrage aucune importance particulière ; car il ne marque encore d’une façon bien claire aucune phase essentielle dans le développement des vues sur l’art qui me dominèrent plus tard, Il ne s’agit, d’ailleurs, nullement ici de faire parade à vos yeux de mes triomphes de compositeur, mais d’éclaircir une direction encore incertaine de mes facultés. Ce Rienzi fut achevé pendant mon premier séjour à Paris ; j’étais en face des splendeurs du Grand-Opéra, et j’étais assez présomptueux pour concevoir le désir, pour me flatter de l’espoir d’y voir représenter mon ouvrage. Si jamais ce désir devait être accompli, vous ne pourriez à coup sûr vous empêcher de trouver, comme moi, singuliers les jeux du sort qui, entre le désir et sa réalisation, a laissé s’écouler un si