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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/66

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diaires, et de donner aux liaisons mêmes des mélodies principales tout le caractère de la mélodie. Il serait extrêmement intéressant d’étudier de plus près ces combinaisons ; ici cela nous mènerait trop loin. Je ne puis cependant m’empêcher d’appeler votre attention, Monsieur, sur la construction de la première partie de la symphonie de Beethoven. Nous y voyons la mélodie de danse, proprement dite, décomposée jusque dans ses parties constituantes les plus petites ; chacune de ces parties, qui souvent ne se composent que de deux notes, est tour à tour mise, par la prédominance alternative du rhythme et de l’harmonie, dans un jour plein d’intérêt et d’expression. Ces parties se réunissent pour former des combinaisons toujours nouvelles, qui tantôt vont grandissant, comme un torrent, d’un cours non interrompu, tantôt se brisent comme dans un tourbillon ; toujours elles captivent avec tant de force par l’attrait de leur mouvement plastique, que, loin de pouvoir se soustraire un seul instant à l’impression qu’elles produisent, l’auditeur, dont l’intérêt est porté au dernier degré d’intensité, est forcé de reconnaître à chaque accord harmonique, à chaque pause rhythmique une signification mélodique. Le résultat tout nouveau de ce procédé fut donc d’étendre la mélodie, par le riche développement de tous les motifs qu’elle contient jusqu’à en faire un morceau de proportions vastes, et d’une durée notable ce morceau n’est autre chose qu’une mélodie unique et rigoureusement continue.

Il est surprenant que ce mode, auquel on est arrivé dans le domaine de la musique instrumentale, ait été