Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/100

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s’il lançait un défi, puis il retomba sur le siège dans l’embrasure de la fenêtre et regarda devant lui. Que lui faisaient les splendeurs du paysage et la sérénité de la nature ? Non, ce n’était pas tout joie quand Wagner était à Mariafeld.

Il vint un temps où je comptais les jours jusqu’au retour de mon mari. Frapper en vain à sa porte quand on avait espéré être admise, faire des efforts sans jamais obtenir de résultat, vouloir inutilement, sentir qu’on ne peut rien, c’est à de semblables écueils que mon courage se brisait. Je compris que moi aussi, je devais avoir patience et laisser faire le temps, qui change tant de choses et fait trouver une issue là même où l’espoir manque Un matin, mon hôte vénéré me fît demander si j’étais déjà visible pour lui. La poste lui avait apporté une lettre de Saint-Pétersbourg qu’il attendait depuis longtemps. Lors des concerts qu’il avait donnés dans cette ville pour y faire entendre des fragments de ses œuvres, il avait trouvé beaucoup d’accueil et de bienveillance auprès de la grande-duchesse Hélène, dont la haute intelligence avait distingué l’homme extraordinaire de passage en Russie ; la duchesse de Leuchtenberg aussi, dans les transports de son admiration, avait communiqué son enthousiasme et sa sympathie à tout ce qui appartenait à la haute société.