Aller au contenu

Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blée jusqu’à l’extrême, et ne présentaient aucune garantie de durée. C’est pour cette raison que je n’avais pas accepté les invitations de Wagner, que je n’avais pas assisté aux représentations de Tristan et Isolde, que je n’avais pas été le voir à Starnberg et je ne pouvais pas encore trouver la forme exacte pour lui écrire ce que j’avais sur le cœur, c’est-à-dire qu’il n’était pas l’homme qui pût faire sentir au jeune monarque, que l’art et la poésie ne peuvent être le but suprême des pensées royales, mais que celui qui est appelé à porter un peuple dans son cœur et à en inscrire les droits dans sa conscience, prend sur lui des devoirs plus difficiles et plus sérieux. Je ne sais si cette fois ma lettre formula ma pensée, ni si elle parvint jamais entre les mains de "Wagner, en tous les cas je ne reçus pas de réponse et pendant les trois mois que je restai à Hambourg à cause de l’état de santé de mon père, nous n’échangeâmes aucun signe de vie.

Quand je revins à la maison au printemps, j’appris que Wagner était rentré à Munich et que le roi s’intéressait à l’idée de faire bâtir dans les environs de sa capitale un théâtre destiné uniquement à la représentation des drames lyriques. Semper avait fait, d’après le projet et les dispositions de Wagner, un plan