Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/140

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avec enthousiasme, mais il ne parut pas sur la scène, n’ayant pu trouver le chemin qui y conduisait. La représentation continua et lorsqu’elle fut terminée et que le public réclama avec frénésie le créateur de ces joies profondes, Wagner, sur l’ordre du roi à côté duquel il était assis, se leva et du haut de la loge royale, s’inclina vers l’assistance. Ce manque de formes m’effraya et me fit mal : il est vrai que le roi avait commandé, le poète avait obéi.

Wagner demeurait alors au premier étage de la maison qu’occupait la famille de Hans de Bulow. Je ne restai qu’un jour à Munich : notre ami était au centre de son entourage artistique, peut-être aussi n’était-il pas sans appréhension par rapport aux suites de l’incident de la veille, je n’avais donc pas de raison pour rester davantage.

Je ne sais si ce n’est pas à cause de cet incident que Wagner se décida peu après à quitter Munich et à s’établir à Tribschen, au bord du lac de Lucerne. Tout est si loin déjà que j’ai perdu le souvenir de bien des choses, mais Wagner ne nous parla point des raisons qui l’avaient décidé à ce changement, quand il vint nous voir à Mariafeld et qu’il passa quelques jours auprès de nous, aussi plein de cordialité et de chaleureuse affection que par le passé.