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Je cède de nouveau la parole à trois lettres de Wagner. L’une de ces lettres accompagnait une brochure et montre l’amabilité de l’auteur, qui voulait se rappeler au souvenir de sa vieille amie. Les deux autres nous mènent au temps où la paix et le bonheur brillèrent enfin pour Wagner. Dans ces années de solitude, le bonheur, qui lui avait manqué toute sa vie, avait enfin mûri dans son âme et dans son cœur. On raconta que, pendant que le Créateur du drame musical séjournait à Tribschen avec son amie et les enfants de son amie, un hôte auguste vint visiter incognito cet asile de paix.


Chère et vénérée amie !

Votre fidèle et bonne lettre m’a fait bien plaisir. Après une promesse que vous nous aviez faite il y a deux ans, nous étions en droit d’attendre une longue visite de vous à Tribschen. Tout l’été passé j’en ai espéré l’accomplissement et je n’étais pas loin de me faire des idées peu agréables à propos de votre absence.

Depuis lors je n’ai plus quitté mon asile et j’ai bien l’intention d’y rester des années sans bouger, fermement résolu à ne me consacrer qu’à mon travail et non plus à des efforts extérieurs, énervants et stériles. Pour le moment j’en suis à Siegfried, interrompu en 1858.

Ma noble amie et consolatrice est depuis longtemps