Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/19

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Les lettres que je mets de côté et que je n’ai pas d’objection à livrer à la publicité, sont au nombre de quinze. Onze datent des années 1864 et 1865 et les chaleureux témoignages d’affection qu’elles contiennent correspondent aux jours que Wagner passa en ami dans notre maison de Mariafeld, au bord du lac de Zurich. Les difficultés les plus écœurantes enrayaient alors sa carrière et menaçaient parfois de paralyser momentanément la volonté et la force créatrice de ce génie puissant et audacieux, en brisant son énergie au travail.

Un bonheur extraordinaire mit fin à ce douloureux épisode : la main d’un roi le fit entrer dans un monde enchanté et entoura de rayons le front assombri de celui qui règne dans la sphère des sons. Un jeune homme, presque encore un enfant, étranger aux réalités dé la vie, ignorant les soucis du gouvernement, de la responsabilité et des devoirs royaux, dans un bel élan vers l’idéal, avait senti que sa mission était de frayer la voie à ce génie tendant si haut.

Ce ne fut pas seulement un bonheur pour Wagner, ce fut un bonheur pour le monde qui admire le Maître dans ses œuvres, que l’enthousiasme artistique de ce jeune roi, appelé par Wagner dans la dédicace de la Walküre « le