Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/38

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la splendeur de l’Italie n’étaient pas ce qu’il nous fallait.

J’avais aussi vu la Suisse en 1835. Il n’y avait pas de chemins de fer alors, on voyageait lentement dans sa propre voiture et l’on voulait apprendre à connaître les petites villes. Les particularités si caractéristiques des différents cantons, les édifices imposants des grandes villes et les peintures naïves ornant les hôtels de ville et les ponts couverts, m’avaient infiniment plu. Nul plan dans ces villes, tout était né des besoins et des tendances du moment ! Lorsque nous fîmes l’ascension du Rigi, on montait encore à pied et on logeait dans un chalet. Comme je m’étais sentie planer au-dessus de la poussière de la terre, dans l’air divinement pur et dans la sérénité céleste ! Rien ne nous troublait : quelques voyageurs regardaient avec nous le lever du soleil. Ce matin-là, du fond des nuages émergeaient les pics des montagnes qui, depuis les temps primitifs, gardent les vallées et les plaines où se sont établis des hommes bons et simples et où, grâce à son travail et à son héroïsme, un peuple a su conserver depuis des siècles son indépendance, conquérant ainsi une place d’honneur dans l’histoire du monde. J’avais lu l’Histoire de la Suisse par Johannes von Muller. Le nom seul de fédération (Eidge-