Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/37

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homme intelligent, qui a appartenu à la presse, ne peut vivre loin du tumulte d’une grande ville. " Puisque j’ai travaillé toute ma vie pour la démocratie et pour la liberté constitutionnelle, « disait Wille, » il faut bien que je m’en aille vivre ailleurs, là où je pourrai voir fonctionner ce que j’ai toujours désiré ! "

Ce n’est qu’après un séjour de dix années, lorsque Wille crut être au fait de toutes les circonstances favorables dans lesquelles se trouve la petite république fédérale, qu’il prit part aux affaires publiques. Son intention, dans le principe, était de s’absorber dans l’étude, tout en s’occupant de la gestion de sa petite propriété et en préparant ses fils à l’Université.

J’ai tant entendu parler dans mes vieux jours d’hérédité et d’atavisme, que j’en suis arrivée à me dire que mon mari a peut-être obéi à une suggestion semblable, en rentrant dans la patrie de ses pères. Le monde était ouvert devant nous ; l’Italie, cette terre idéale des nomades, aurait pu nous séduire ; je l’avais vue souvent avec mes parents et c’était encore l’Italie de Gœthe et de Byron, avec les splendeurs de sa poésie et de sa nature, avec ses chefs-d’œuvre et les ruines de son gigantesque passé. Mais nous voulions nous fixer ; nous voulions un foyer et une patrie pour nos fils : la poésie et