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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/50

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sa voix puissante, et la Rome régénérée saluait ses messagers de paix. Tout était riche, ardent, entraînant ! Mme Schroder-Devrient, à qui Wagner rendait encore hommage dans les dernières années de sa vie comme à son unique initiatrice, réalisait le type du jeune et féal chevalier, resté seul fidèle au tribun que tous abandonnent. C’était avec le même enthousiasme que l’on admirait Wagner dans ces deux créations si opposées. Ce fut un dimanche de mai de l’année 1852 que Wagner vint chez nous pour la première fois ; il était accompagné de Georges Herwegh dont les Poésies d’un vivant avaient remué toute une génération à laquelle nous appartenions plus ou moins tous ; il s’était tu depuis. Mon mari avait appris à le connaître personnellement à Zurich. Les messieurs furent bientôt plongés dans une conversation des plus animées : le présent et le passé leur fournissaient ample matière. L’esprit artistique révolutionnaire qui devait frayer une voie nouvelle à la musique, avait lancé son premier manifeste dans Opéra et Drame et rendu le compositeur célèbre comme écrivain. Privé de la jouissance d’entendre exécuter ses œuvres, Wagner n’en poursuivait pas moins son but : il était plongé dans l’étude