Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/53

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Sa voix avait un timbre caressant et doux, mais, quand elle s’animait sous l’empire de la passion, la force lui faisait défaut ; elle n’avait pas les notes graves et pleines d’une nature virile en proie à la colère ou à l’amour. La passion de tête qui fait le fanatique et distille le venin de la haine, avait fait dégénérer sa virilité en indolence. Par tempérament, il aurait bien plutôt été à sa place parmi les compagnons du régent, qu’au milieu des promoteurs de l’anarchie, qu’il considérait comme l’honneur de la France. Quoique sorti du peuple, ce n’était point un tribun ayant pour mission, dans un temps dégénéré, de proclamer avec les foudres de la conscience humaine, les droits imprescriptibles de l’humanité.

Nous apprîmes par Wagner que Herwegh avait écrit, dans sa disposition d’esprit actuelle, des sonnets qui, par la forme et par la pensée, devaient en faire le poète immortel de l’amour ; mais ces poèmes, jamais il ne les livrerait à la publicité.

Ces messieurs, qui venaient souvent et volontiers à Mariafeld, ne se sentaient pas gênés l’un par l’autre : quelque différents qu’ils fussent physiquement et moralement, ils savaient apprécier, sous toutes leurs formes, l’esprit et la culture, la liberté et la grandeur des diverses conceptions de la vie.