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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/56

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du monde ainsi résolue. Abstinence et ascétisme ! c’est à cela que l’humanité devait parvenir ! L’abstinence, vertu des saints, ne pouvait pourtant être qu’un mot retentissant, mais vide, pour des hommes qui avaient besoin du monde pour créer et pour subsister et qui n’avaient, ni l’un ni l’autre, l’intention de dédaigner ou de mépriser les jouissances de la vie.

Je recueillis alors bien des choses concernant l’antique philosophie cosmogonique des Hindous et j’appris à connaître la pureté du boudhisme. Mes initiateurs avaient une haute intelligence et parlaient d’art et de poésie en raffinés, mais, que l’homme ne fût pas une volonté libre, qu’il ne fût pas l’auteur de ses actes, que l’épée de combat par excellence qui est le courage et la noblesse des sentiments, ne servît de rien, c’est ce que je ne pus jamais admettre que comme une fable, à laquelle ils ne croyaient pas eux-mêmes. En ce temps-là, du reste, ils n’émettaient que des opinions troubles ou extravagantes sur tout ce qui concernait les liens de la famille et les devoirs de la vie. L’honneur de l’homme, qui a sa racine dans la fidélité au devoir accepté, l’humilité de la femme, qui, par la force que lui donne la profondeur de son amour, se subordonne à l’homme, tout cela devait battre en retraite devant le