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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/55

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hommes ; j’avais trouvé là la plénitude du bonheur, de la félicité intérieure, mais ni mon père ni d’autres hommes que je vénérais, n’eussent été satisfaits, si j’avais voulu mettre mon savoir en évidence… ne savais-je pas moi-même que c’était bien peu de chose !

Une pédante ! un bas-bleu ! mais les hommes en ont horreur, à leur vue, les Grâces prennent la fuite, c’est là ce que j’avais lu et entendu dire en anglais comme en allemand. Et comme j’aimais bien à être agréable et que je voulais plaire à ceux que j’aimais, je préférais me taire, mais j’écrivais ce que je pensais, ce qui me touchait profondément et, comme le Chœur de la tragédie grecque, mes observations ramenaient de l’unité dans ce que j’avais entendu.

Herwegh avait apporté à Mariafeld les œuvres de Schopenhauer, qui étaient toutes nouvelles pour mon mari et pour Wagner ; elles firent sur tous deux la plus profonde impression. Wille aime à étudier à fond toute œuvre spéculative ; le philosophe lui sembla si remarquable qu’il voulut faire sa connaissance et, par la suite, il allait tous les ans à Francfort pour causer avec lui. Wagner, avec une vivacité de compréhension inouïe, se fut bientôt assimilé l’œuvre de Schopenhauer. Lui et Herwegh étaient émerveillés de voir l’énigme