Aller au contenu

Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une de mes sœurs accompagnée de sa fille, était déjà en route pour Mariafeld ; elle voyageait lentement, avec ses propres chevaux, ne se servant guère des chemins de fer ; elle avait le temps ! Mon père aussi voulait nous donner quelques jours à son retour de Carlsbad, puis les emmener toutes.

J’étais pleine de joie et d’espérance, — mes enfants jubilaient comme moi. Je fus bien reconnaissante aux amis qui vinrent nous voir le dernier dimanche et qui voulurent bien rester jusqu’au lendemain. Dans ma joie, j’étais redevenue jeune, espiègle même, et quand j’arrivai avec Mme Wagner sur la terrasse où les messieurs avaient pris place pour le café, je leur dis : « Vraiment, c’est un trio bien remarquable que celui que nous avons sous les yeux ! L’un est le créateur du drame musical ; l’autre est un poète célèbre ; tous deux sont aimés des Muses !… Mais, que dirai-je du maître de la maison ? " Alors Wagner, m’interrompant en souriant, récita ces vers que prononce Suleika, dans le Divan occidental de Gœthe :

« Peuples, valets et conquérants — tous déclarent en tous temps — que le bonheur suprême des enfants de la Terre — n’est que la personnalité ! »

Le lendemain matin, quand il rencontra Wille dans le jardin, il lui dit : — Bonjour Adam ! »