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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/63

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renaissance de l’Allemagne, cette pensée n’en était pas moins le moteur secret agissant en tous.

Il y avait des jours où l’atmosphère morale faisait présager l’orage bien plus que le beau temps. Une fois, la colère contre l’Allemagne alla si loin qu’on déclara que tout ce qu’elle contenait méritait d’être anéanti : art, culture, mœurs, moralité, tout était pourri jusqu’au cœur, irrémédiablement perdu. Les deux révolutionnaires s’étaient si bien monté la tête, qu’ils étaient d’avis que le peuple brûlât châteaux et palais, afin que ses tyrans n’eussent plus de refuge. Wille leur fit observer que leur vœu avait été exaucé dans le Brunswick et que le contribuable avait dû rebâtir à grands frais le château.

Le débat apaisé, ces messieurs se plongèrent de nouveau dans les sciences naturelles et les recherches étymologiques. Wagner vint alors nous trouver et nous dit : " Les deux autres sont de nouveau à déterrer leurs racines ! ils en ont pour longtemps. " Il riait et s’assit au piano. Je n’ai jamais oublié comme il nous expliqua, avant de commencer, le caractère de la Neuvième Symphonie et nous indiqua la nécessité du Chœur et de l’Hymne à la Joie, pour couronner cette grandiose création polypho-