Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/80

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n’est qu’en 1854 que je reprends le récit de ce qui peut intéresser le lecteur, comme concernant Wagner.

Dans l’automne de cette année, Liszt revint à Zurich : cette fois il était accompagné de sa vieille amie, la princesse de Wittgenstein et de sa fille. Wagner avait terminé une partie de la musique des Nibelungen et désira la soumettre au jugement de son ami. Une jeune et belle Suissesse, la femme de Heim, le chef d’orchestre, qui avait une voix splendide et que Wagner distinguait, quoique ce ne fût point une musicienne accomplie, déchiffra avec une gracieuse docilité les parties hérissées de difficultés, en présence d’un nombreux auditoire, convié par Liszt, me semble-t-il, à cette solennité musicale qui eut lieu dans la grande salle de l’hôtel Bauer. Liszt était ravi de l’œuvre de Wagner et de la grandeur de ses Nibelungen ; exempt de toute envie, il tendit ses deux mains au Maître triomphant, et je pense encore aujourd’hui avec joie à l’ardeur et à l’abandon qu’il y avait dans leurs rapports.

Liszt vint souvent à Mariafeld accompagné des princesses et de Wagner. Il était venu jadis à Hambourg, peu après le grand incendie qui avait réduit en cendres la moitié de la ville et, avec sa générosité quasi royale, avait donné