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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/91

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il partit sans attendre de réponse et suivit sa lettre de si près, que j’avais à peine eu le temps d’arranger à son goût les chambres d’amis que le froid de l’hiver et l’abandon avaient rendues inhabitables. Mon mari n’était pas à la maison ; nous avions l’habitude de nous absenter plusieurs mois tous les hivers ; cette année, mon voyage annuel à Hambourg avait été différé par mes parents. Mes fils étaient auprès de moi ; l’un avait terminé ses études à l’Académie de Hohenheim ; l’autre, qui étudiait le droit à Zurich, avait achevé son premier semestre ; c’était pour eux que j’étais restée à la maison. Je m’étais mis dans la tête qu’un petit regard jeté en Orient, exempt de fatigues et de peines, intéresserait mon mari et que ce qu’il m’en conterait par la suite, constituerait une plus grande jouissance pour moi, qu’un voyage par mer, que je ne supportais que mal. Wille s’était donc joint aux excursionnistes en destination (le Constantinople dont Fritz Reuter a narré quelque chose dans les Montecchi et Capuletti du Mecklembourg, et il a mis dans la bouche de la brave tante Lining une chaleureuse parole en l’honneur de l’ami sorti du fond de la Suisse, qui parle bas-allemand !

« Celui qui s’abandonne à la solitude sera bientôt seul » ; cette parole s’applique bien à