Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/92

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Mariafeld et à moi, qui aime à vivre loin des étrangers. Mes fils avaient des amis que j’avais du plaisir à voir ; il faut la liberté et l’espace à la jeunesse. Je m’étais réjouie du fond du cœur pour ces vacances : la visite de l’ami vint tout changer.

Le vent soufflait en tempête et il faisait froid, malgré l’approche du printemps ; j’étais triste que Wagner se trouvât dans la solitude de Mariafeld sans pouvoir jouir de l’animation du maître de la maison. Son séjour parmi nous ne fut égayé par’aucun fait digne de remarque. J’avais installé notre hôte auguste comme il en avait exprimé le désir dans la lettre que j’ai fait connaître ; il voulait travailler, être complètement libre : il avait son service particulier. Beaucoup de visites qui accoururent de Zurich, soit par intérêt, soit par curiosité, quand la présence du grand homme à Mariafeld eut été ébruitée, furent éconduites par moi : Wagner n’était pas d’humeur à prendre son parti de semblables interruptions. Il écrivait et recevait beaucoup de lettres ; il me pria de ne pas faire attention à lui, de le laisser manger seul dans sa chambre si cela ne dérangeait pas trop le service de la maison. Il m’était agréable de me conformer autant que possible aux désirs de mon hôte. Il ne voulait pas aller à Zurich, le