Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/95

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une caractéristique suffisante ; les explosions de l’espérance déçue et martyrisée, de l’indignation et de l’imagination en révolte étaient à ce moment pour Wagner ce qu’est le bouleversement des éléments dans la nature : le vent devait chasser les nuages pour que le soleil brillât de nouveau.

Et le soleil brilla maintes fois quand Wagner se sentait disposé à s’installer auprès de nous, dans notre petit salon. Quiconque l’a connu, sait comme il pouvait être aimable et affectueux ; alors les fils étaient chaleureusement accueillis à côté de la mère ; il savait bien que « la bonne femme », comme il m’appelait, préférait ses enfants à elle, à la splendeur divine des adolescents de la Grèce, et même à celle du Siegfried germanique. Wagner s’entendait bien à taquiner et à conter. Vienne lui avait plu, c’était pour lui l’unique ville musicale de l’Allemagne ; il avait installé avec goût et à sa convenance sa maison à Penzing ; il aimait à parler des deux domestiques, mari et femme, qui avaient tenu son ménage et du grand chien qui lui manquait tant, le magnifique et fidèle animal !

Mais la bonne humeur disparaissait bientôt : des lettres venaient, qui le démoralisaient ; il se retirait alors dans la solitude de sa chambre