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VII
PRÉFACE

cien de sa léthargie : alors s’accomplit le mystère d’amour par qui sont les grandes choses ; alors le musicien se donna an poète, et celui-ci put lui adresser pour son compte les paroles de Tristan à son fidèle Kurwenal : « Tu ne t’appartiens pas, tu es à moi, tout à moi ; avec moi tu souffres quand je souffre..... » De cet embrassement sacré, les œuvres fortes sont issues : Tristan et Iseult, Parsifal les Maîtres chanteurs, l’Anneau du Niebelung.

Si j’insiste sur ce trait dominant, l’alliance, et s’il se peut dire, la fusion parfaite du poète et du musicien, c’est qu’elle est, à mon sens, la clef de toute cette vie, si complexe en apparence, au fond si simple : la vie de Richard Wagner.

Nous avons affaire ici à un cas plus que rare : depuis que la race timide qui occupe cette planète s’essaie à donner une forme à ses rêves, de telles noces n’avaient pu s’accomplir encore entre l’antique poésie et la jeune musique ; aussi me pardonnera-t-on, si, ayant à donner quelque idée d’un phénomène unique en sa nouveauté, j’ai