Page:Wagner - Souvenirs, 1884, trad. Benoît.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
SOUVENIRS

ceau d’ensemble, Spontini me fit signe de m’approcher, et me dit à l’oreille : Mais, savez-vous, vos chœurs ne chantent pas mal. Fischer, qui avait observé la chose d’un œil méfiant, me demanda d’un ton furieux : « Qu’est-ce qu’il lui faut encore, à ce vieux..... ? » J’eus quelque peine à calmer tant soit peu l’enthousiaste si tôt retourné.

Ce qui nous arrêta le plus longtemps, au premier acte, fut le défilé de la marche triomphale ; le maître se répandait surtout en objurgations intarissables au sujet de l’attitude indifférente du peuple pendant la procession des Vestales ; il n’avait positivement pas remarqué que tout le monde s’agenouillait à l’apparition des prétresses, ainsi que l’avait réglé le régisseur ; car tout ce qui n’était pas sous ses yeux même n’existait plus pour lui, affligé qu’il était d’une excessive myopie. Ce qu’il exigeait, c’est que le respect sacré de l’armée romaine se traduisît avec la plus grande énergie, en se prosternant la face contre terre, et