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MES SOUVENIRS SUR SPONTINI

surtout, en frappant bruyamment le sol avec les lances, tout cela dun seul coup. Il fallut répéter la chose un nombre incalculable de fois ; mais toujours on entendait le cliquetis de quelques piques retardataires ou trop pressées ; le maître lui-même, à plusieurs reprises, exécuta la manœuvre sur son pupitre, avec le fameux bâton : peine perdue ! le coup manquait toujours de décision et d’énergie. Je me rappelai alors avec quelle précision absolument remarquable, avec quelle effet presque effrayant, des évolutions analogues avaient été exécutées dans Fernand Cortez, ouvrage que j’avais vu représenter autrefois à Berlin, et quelle vive impression elles m’avaient causée ; je compris que la mollesse admise chez nous dans ces sortes de manœuvres demanderait, pour être stimulée, une grande dépense de temps et de peine, avant qu’on arrivât à satisfaire le maître, toujours fort gâté jusqu’alors pour ses exigences à ce sujet.