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SOUVENIRS

qu’il avait de sa valeur, les traits de son caractère d’homme fait avaient été poussés jusqu’à la caricature. Je ne fus pas moins frappé de l’influence exercée sur Spontini par l’absolue décadence de la musique dramatique, pendant la période qui le vit vieillir à Berlin, dans une situation équivoque et stérile. Le fait de mettre sa principale gloire dans des détails secondaires prouvait seulement que son jugement était retombé en enfance ; mais cela ne pouvait rabaisser à mes yeux la valeur exceptionnelle de ses œuvres, quelle que fût l’opinion excessive qu’il en eût. J’irai plus loin : si son orgueil s’était enflé de façon si démesurée, n’était-ce pas par la comparaison de son propre mérite avec celui des musiciens célèbres qui maintenant le supplantaient ; cette comparaison, je la faisais de mon côté, et elle ne contribuait pas peu à justifier le vieux maître à mes yeux. En voyant le peu de cas qu’il faisait de ces princes du monde musical, je sentais qu’au plus profond