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LETTRE SUR LE TANNHÆUSER

Tannhæuser commença, sans plus de façons.

Jusque-là, c’est-à-dire pendant le premier acte et jusqu’à la moitié du second, on n’eût pu surprendre la moindre apparence d’opposition ; les applaudissements les plus soutenus avaient fait escorte, sans soulever de protestations, aux passages de l’œuvre qu’on avait tout d’abord goûtés. Mais à partir de ce moment, toute démonstration favorable devint inutile : en vain l’empereur lui-même et l’impératrice donnèrent-ils à mon œuvre, pour la deuxième fois, des marques publiques de leur bienveillance ; ceux qui se considèrent comme les maîtres de la salle, et qui tous appartiennent à la plus haute aristocratie de France, prononcèrent l’arrêt irrévocable contre le Tannhæuser. Jusqu’à la fin, sifflets et mirlitons accompagnèrent chaque salve d’applaudissements du public.

En présence de l’impuissance absolue de la direction vis-à-vis de ce club puissant, devant la peur manifeste du ministre d’État lui-même,