avoir lieu, je fis un séjour à Biebrich, aux bords du Rhin, pendant l’été de 1862, et je me rendis de là à une représentation de Lohengrin à Karlsruhe, pour laquelle Schnorr avait été engagé. Aussi arrivai-je secrètement ; je m’étais proposé de ne me montrer à personne, surtout afin que Schnorr ignorât ma présence ; car je craignais d’être confirmé dans mes appréhensions par l’impression repoussante de sa difformité présumée, au point de vouloir éviter toute relation personnelle entre nous, en persévérant à me passer de lui. Ces dispositions craintives changèrent vite. Si la vue du chevalier au cygne, abordant la rive dans la petite nacelle, produisit sur moi l’impression, toujours un peu étrange au premier abord, de l’apparition d’un hercule juvénile, en revanche, dès qu’il s’avança, le charme tout spécial du héros légendaire, de l’envoyé de Dieu, opéra sur moi immédiatement ; c’était là le personnage au sujet duquel on ne se demande pas : « Comment est-il ? », mais dont on dit :
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