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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

m’avoua alors que ces doutes se rapportaient bien moins à un épuisement, peut-être redouté, de l’organe vocal et de sa vigueur, qu’à la difficulté éprouvée par lui de posséder à fond l’intelligence d’une seule phrase : ce passage unique, mais qui ne lui en paraissait pas moins de la plus haute importance, était la « Malédiction d’amour » ; il s’agissait spécialement de l’expression musicale à donner, à partir des mots : « Du rire et des pleurs, des voluptés et des blessures..... » Je lui expliquai mes intentions, et quel accent certainement extraordinaire j’avais voulu donner à cette phrase. Il me saisit vite ; il reconnut qu’au point de vue musical il s’était trompé sur le mouvement, qu’il s’était figuré trop rapide ; il comprit que l’entraînement exagéré qui en était résulté provenait de ce qu’il avait manqué la juste expression, et de ce qu’aussi il n’avait pas compris le passage. J’appelai ses réflexions sur ce point, que par l’indication d’un mouvement plus large, je voulais certainement obtenir un effort tout