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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

médiaire, mais brusquement, et par un contraste bien tranché. Pour mieux fixer ce principe de son interprétation, je lui signalai l’importance de la première scène avec Vénus : si l’effet émouvant qu’on s’est proposé dans cette scène est manqué, l’échec de tout l’ensemble se trouve assuré ; l’acteur a beau pousser des cris d’allégresse dans le premier finale, se cabrer et s’emporter sous l’anathème au troisième, rien ne peut plus dès lors remettre la chose en place. L’importance de cette scène de Vénus n’était pas encore assez nettement indiquée dans la première esquisse ; plus tard, quand je l’eus reconnue, elle me suggéra l’idée de ma nouvelle interprétation, qui, à l’époque dont je parle, n’avait pas encore été mise à l’étude à Munich. Il fallait que Schnorr se tirât encore d’affaire avec l’ancien système : raison de plus pour qu’il dût avoir à cœur, par l’énergie de son interprétation, de rendre l’expression d’un combat spirituel extrêmement douloureux, expression qui dans ce passage dépend exclusivement du