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SOUVENIRS

chanteur ; la chose lui était rendue possible en suivant mon conseil, d’après lequel il ne devait considérer que comme un puissant crescendo tout ce qui précède l’exclamation décisive : « Mon salut repose en Marie ! » Je lui dis que ce mot « Marie ! » devait éclater avec une force telle, que, grâce à lui, le miracle aussitôt opéré du désenchantement du Venusberg, et du ravissement au vallon natal, apparût promptement et clairement comme la réalisation nécessaire des inévitables exigences d’une âme poussée à bout. J’ajoutai qu’ayant pris, sur cette exclamation, la posture d’un homme emporté par la plus sublime extase, il y devait persévérer, tournant au ciel un regard exalté, immobile, et même ne pas changer de place, jusqu’au moment plus reculé où les chevaliers entrent en scène et l’apostrophent. Quant à la manière dont il devait s’acquitter de cette tâche, que je m’étais vu refuser comme inexécutable, il y avait quelques années à peine, par un très renommé chanteur, je la lui indi-