Page:Wagner - Souvenirs, 1884, trad. Benoît.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
SOUVENIRS

faisse avec humilité, en poussant enfin l’exclamation : Ô Tout-puissant, louange à toi ! Grandes sont les merveilles de ta grâce ! Puis, tandis qu’agenouillé il unit timidement sa voix à celle des pèlerins, son regard, sa tête, son corps tout entier s’inclinent plus profondément, jusqu’à ce que, suffoqué par les larmes, en une nouvelle et salutaire défaillance, il reste étendu la face contre terre, inanimé.

C’est dans ce sens, et à voix basse, que je communiquai ma pensée à Schnorr, restant auprès de lui pendant toute la répétition. Aux indications très brèves que je lui soufflais, il répondait de son côté par un regard également discret et furtif ; ce regard, illuminé par une exaltation profonde, m’attestait la plus merveilleuse entente ; par un effet de retour, il éveillait même en moi de nouvelles inspirations au sujet de mon propre ouvrage, si bien que j’eus conscience d’assister à un exemple assurément inouï du fait suivant : combien un commerce affectueux et immédiat entre deux