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SOUVENIRS

la première et unique fois, le passage d’une importance décisive dans le deuxième finale : « Pour conduire le pécheur au salut..... etc. », au sujet duquel j’avais exprimé si souvent des exigences inutiles, ce passage obstinément laissé de côté par tous les chanteurs pour sa grande difticulté, par tous les Capellmeister à cause du mouvement obligé des instruments à cordes, Schnorr le rendit avec l’expression fortement émouvante grâce à laquelle le héros, d’un objet d’horreur, devient l’être sur lequel se concentre la pitié. Par l’ardeur frénétique de sa contrition pendant la conclusion violemment mouvementée du deuxième acte, et par son adieu en réponse à celui d’Élisabeth, son apparition au troisième acte, avec les allures de la démence, se trouvait parfaitement préparée ; de cette âme glacée, l’émotion ne s’échappait ensuite que d’une façon plus saisissante, jusqu’au moment où un nouvel accès de folie évoquait une seconde fois la vision magique de Vénus, avec une puissance