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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

fit par une simple enlento sur ce qui était le juste et le vrai, en créant et en agissant avec tranquillité, sans autre démonstration que nos actes d’artistes.

Cette démonstration se prépara, au commencement d’avril suivant, avec le retour de l’artiste qui m’était si profondément uni, et par la mise en train des répétitions générales pour la représentation de Tristan. Jamais le plus maladroit des chanteurs ou des musiciens ne se laissa donner par moi un aussi grand nombre d’instructions, portant sur le plus menu détail, que ce héros du chant, qui du premier coup s’élevait à la plus haute maîtrise ; la plus légère apparence d’obstination dans mes ans, comme il en comprenait le sens aussitôt, trouvait auprès de lui l’accueil le plus joyeux, au point que je me serais cru vraiment déloyal si, dans l’intention peut-être de ne pas heurter sa susceptibilité, j’avais voulu lui épargner la moindre critique. La raison de cette disposition, il faut le dire, venait de ce que mon ami,