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SOUVENIRS

finis par regarder comme un crime d’admettre que Schnorr renouvellerait cet exploit régulièrement, selon les usages de notre répertoire d’opéra ; et dès la quatrième représentation, après la malédiction d’amour de Tristan, je me sentis forcé de déclarer résolument à mon entourage que cette représentation de Tristan serait la dernière, que je n’en tolérerais plus d’autre.

Il y avait bien quelque difficulté à faire nettement comprendre le sens de mon sentiment à ce sujet. Le scrupule de sacrifier les forces physiques de mon ami n’était pas en jeu, car l’expérience que j’avais faite avait réussi à l’écarter tout à fait. À cet égard, fort justes et frappantes furent les déclarations du chanteur expérimenté Antoine Mitterwurzer, qui, en qualité de confrère de Schnorr au théâtre de Dresde, en même temps qu’il était son camarade dans le rôle de Kurwenal pendant la représentation de Tristan à Munich, prit l’intérêt le plus vif et le plus intelligent à l’inter-