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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

prétation de notre ami, aussi bien qu’à sa fortune ; comme les artistes de Dresde, ses camarades, poussaient les hauts cris, disant que Schnorr s’était ruiné la voix dans le rôle de Tristan, il leur opposa cette remarque fort judicieuse que lorsqu’on était, comme Schnorr, maître de sa tâche au sens le plus étendu, il n’y avait pas à craindre qu’on excédât jamais ses forces physiques, vu que la façon d’en régler la dépense se trouvait victorieusement impliquée dans la maîtrise spirituelle de la tâche tout entière. En vérité, avant comme après les représentations, on ne remarqua pas le moindre affaiblissement de la voix chez cet artiste, pas même de l’épuisement physique ; au contraire, si le souci de réussir, avant les représentations, l’avait constamment tenu en haleine, il arriva qu’après chaque nouvel accueil favorable, il se retrouvait aussitôt dans la disposition la plus sereine, dans la plus ferme assiette. Ce furent les résultats acquis par de telles expériences, et précisément jugés