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SOUVENIRS

C’est dans cet esprit que je poursuivis la composition de ma Défense d’aimer ; je ne me donnai pas la moindre peine pour éviter les réminiscences françaises et italiennes. Interrompu dans mon travail pendant quelque temps, je le repris dans l’hiver de 1835 à 1836, et je l’achevai peu de temps avant que la troupe du théâtre de Magdebourg se dispersât. Il ne me restait plus que douze jours jusqu’au départ des premiers sujets ; il fallait que, dans cet intervalle, non seulement mon opéra fût appris, mais encore représenté par eux. Avec plus d’étourderie que de réflexion, je laissai passer à la scène, après une étude de dix jours, un opéra qui contenait de très forts rôles ; je me fiais au souffleur et à mon bâton de chef d’orchestre. Malgré cela, je ne pus empêcher que les chanteurs ne sussent leurs rôles qu’à moitié tout au plus. Pour tout le monde, la représentation fut comme un rêve ; personne ne put se faire une idée de la chose ; ce qui marcha à moitié bien n’en fut pas moins dû-