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ESQUISSE AUTOBIOGRAPHIQUE


Quand je me mis, en automne, à la composition musicale de mon Rienzi, je ne m’assujettis à rien autre qu’au but unique de répondre à mon sujet ; je ne me proposai pas de modèle, mais je m’abandonnai exclusivement au sentiment qui me consumait, au sentiment que j’avais d’être maintenant assez avancé pour exiger du développement de mes facultés artistiques quelque chose qui marquât, et pour ne rien en attendre d’insignifiant. La pensée d’être sciemment plat ou trivial, ne fût-ce qu’une seule mesure, m’était insupportable. Plein d’enthousiasme, je continuai à composer pendant l’hiver, si bien qu’au printemps de 1839, j’avais terminé les deux grands premiers actes. À ce moment, mon engagement avec le directeur du théâtre prenait fin, et des circonstances spéciales me dégoûtaient de rester plus longtemps à Riga. Déjà, depuis deux ans, je nourrissais le dessein d’aller à Paris ; dans ce but, j’avais déjà envoyé à Scribe, de Kœnigsberg,