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SOUVENIRS

et dut abandonner au destin l’accomplissement de mes vœux. Bientôt j’appris avec stupéfaction que l’esquisse présentée à M. Pillet lui plaisait tellement, qu’il désirait que je la lui cédasse. Il se disait obligé, par une ancienne promesse, de confier un livret à un autre compositeur le plus tôt possible ; l’esquisse par moi imaginée lui semblait parfaitement appropriée à ce but ; il pensait que je n’hésiterais pas à consentir à la cession demandée, si je réfléchissais qu’il m’était impossible d’espérer obtenir, avant un laps de quatre ans, la commande immédiate d’un opéra, vu qu’il avait d’abord à remplir les promesses faites à plusieurs candidats ; naturellement il me semblerait trop long, en attendant cette époque, d’aller colportant mon sujet ; j’en inventerais un nouveau, et je me consolerais certainement d’avoir fait ce sacrifice. Je combattis opiniâtrement cette prétention, sans pouvoir obtenir autre chose que l’ajournement provisoire de la question. Je comptais sur un